Le nucléaire, c’est pas joli, Joly !
Tiens, une nouvelle thématique chanson ! Pas n’importe laquelle, radioactive à souhait pour des millénaires encore (« radioactif » ne veut pas dire que ça passe activement à la radio !). Thématique que je dédie volontiers à Eva Joly, fière descendante de vikings, qui, si elle manie la langue de Molière et de Camus mieux que moi, mieux que vous sans doute, est assez nulle en « langue de bois », langue officielle en usage chez nos z’hommes politiques, écologistes inclus. C’est pour ça que l’ex-magistrate anti-corruption, verte au sens de pas encore mûre, sera désormais encadrée et recadrée par les linguistes officiels de son parti pour y apprendre les rudiments de la novlangue chère à George Orwell. Ainsi on ne dit pas « Catastrophe nucléaire » mais « Avenir radieux » ; on ne dit pas « Stop au nucléaire » mais « Négocions d’abord les circonscriptions ».
Même avant Tchernobyl, même avant Fukushima, à plus forte raison désormais, les chansons traitant du nucléaire ne parlent que d’apocalypse. C’est vrai qu’Areva ne fait pas rêver. Petite revue de détail en quelques titres…
Venez voir notre village
Il vous plaira forcément
Il est plombé de nuages
420 jours par an
Le soleil n’y entre plus
Les oiseaux n’y chantent pas
Et nos chats, bien entendu
Sont vers et bleus comme vous et moi
Ô Nucléaire…
Nucléaire, François Corbier
Tchernobyl respire encore
Le ventre n’est pas encore mort
D’où a surgi la sombre aurore
Ce monstre invisible qui dévore
Les apprentis sorciers d’hier
Sont toujours bien vivants, prospères
Les marchands d’armes sont milliardaires
Et EDF nous éclaire
Nous éclaire
Au nucléaire
26 avril, Renaud
Juste quelques flocons qui tombent
Je ne sais pas ceux qui les ont tués
Ils avaient si peur de leurs bombes
C’est autre chose qui est arrivé
Juste quelques flocons qui tombent
Nous vivrons bien sans eux au fond
Ils étaient si fiers de leur monde
Ils l’ont cassé en poussant sur un bouton
Juste quelques flocons qui tombent, Antoine
Adolf Nucléaire existe, il est français
Ça finit par un A, ça commence par un C
Ces enfoirés là exportent à l’étranger
Des tonnes de déchets plus ou moins irradiés
Et quand à la Hague on fait des vagues
Dans l’Mont Oural, il se passe que dalle
Co j’ai marre, Tryo
Enfant d’une génération ratée
Vautré devant la TV
On se branle devant les bombardement
Mon dieu que c’est excitant
Moi j’ veux du nucléaire
J’ veux du sexe et du sang
Des bombes dans le RER
J’veux du nucléaire, Damien Saez
Je sais que la ciguë est prête.
Je vous attends.
Je sais que dans votre alchimie,
L’atome ça vaut des travellers chèques
Et ça suffit comme alibi.
Je vous attends.
A l’ombre de vos centrales, je crache mon cancer.
Je cherche un nouveau nom pour ma métamorphose.
Je sais que mes enfants s’appelleront vers de terre.
Moi je vous dis : « bravo » et « vive la mort ! »
Alligators 4C27, Hubert-Félix Thiéfaine
Sachant proche le résultat tous les grands chefs d’Etat
Lui ont rendu visite
Il les reçut et s’excusa de ce que sa cagna
Etait aussi petite
Mais sitôt qu’ils sont tous entrés il les a enfermés
En disant soyez sages
Et, quand la bombe a explosé de tous ces personnages
Il n’en est rien resté
La java des bombes atomiques, Boris Vian
Mais au bout de cent ans des gens se sont levés
Et les ont avertis qu’il fallait tout stopper
Mais ils n’ont pas compris cette sage prophétie
Ces hommes-là ne parlaient qu’en termes de profits
C’est des années plus tard qu’ils ont vu le non-sens
Dans la panique ont déclaré l’état d’urgence
Quand tous les océans ont englouti les îles
Et que les inondations ont frappé les grandes villes
Et par la suite pendant toute une décennie
Ce fut les ouragans et puis les incendies
Les tremblements de terre et la grande sécheresse
Partout sur les visages on lisait la détresse
Plus rien, Les Cow-boys fringants
Les photographies en noir et blanc illustrant ce billet sont de Paul Fusco, ont trait à l’héritage de Tchernobyl et sont toutes tirées du site La Mauvaise herbe ; la photo couleur représente la Centrale nucléaire du Tricastin.
Stéphane. replied:
Joli sujet, mais il manque à mon sens dans cette liste une chanson essentielle, et sur le sujet, et conséquemmment, dans le répertoire de Sarclo, « La saga des machins et des zinzins », qui date de 1981 : http://www.chanson-net.com/sarclo/chansons/ch0722.htm.
A l’inverse, la chanson des Cowboys Fringants, « Plus rien », que j’aime pourtant beaucoup – au point que la voir côtoyer celle de Vian me fait vraiment bicher – me semble ici discutable. En effet, si c’est bien une catastrophe planétaire qui y est dépeinte, elle n’est a priori pas nucléaire – Il n’y a rien dans le texte qui accrédite ce sens, à peine y évoque-t-on la pollution de l’air ambiant – mais plutôt climatique, telle une rébellion de la Terre contre la façon de vivre des humains, qui ont rompu l’effet de symbiose.
Si cette chanson peut effectivement faire penser au nucléaire, ce n’est que par l’interprétation qu’on en a. Mais cette interprétation nous est dictée je pense, tout d’abord et effectivement par une actualité en arrière-plan extrêmement prégnante (Tchernobyl, Fukushima, le débat sur la sortie du nucléaire…) – ensuite par notre incapacité à imaginer vraiment ce que serait une catastrophe nucléaire planétaire. De fait, on se dit que ceci pourrait peut-être ressembler à cela.
Pour autant je suis loin d’en être certain : Fukushima ne me paraît guère avoir de liens avec cette chanson.
Mais après tout, pourquoi pas ? Il est possible en définitive que rien ne ressemble plus à une catastrophe qu’une autre catastrophe…
25 novembre 2011 at 10:48. Permalien.
Norbert Gabriel replied:
Il y a aussi « Messieurs les Présidents » d’Herbert Pagani, en 1972
Merci pour ces jolies centrales nucléaires
Que je n’ ai pas voulues mais cependant je paye
Et que vous cernerez de mille militaires
En attendant de mettre un compteur au soleil
C’est un refrain qui sera particulièrement apprécié par nos petits enfants quand ils auront des centrales qui leur coûteront des milliards à démonter.
Réponse : Il y en a bien d’autres, comme « Le Champignon nucléaire » de Francis Lalanne, au début des années quatre-vingt. Cher lecteur internaute, si tu veux bien compléter la liste. Ça peut servir à l’ami Bertrand (Dicale) si, un jour, il désire en faire une émission de « Ces chansons qui font l’Histoire » sur France-Info… MK
25 novembre 2011 at 10:59. Permalien.
Norbert Gabriel replied:
et la superbe chanson de Nougaro, « Y avait une ville » une des premières sur le sujet..
C’était étrange
Est-ce qu’il allait neiger des anges
Les gens guettaient dans un mélange
D’inquiétude et d’amusement
Et brusquement
Il y eut un éclair aveuglant
Et dans un souffle incandescent
Les murs se mirent à trembler
Que s’est-il passé?
J’y comprends rien
Y’avait une ville
Et y’a plus rien
Y’a plus rien qu’un désert
De gravats, de poussière
Qu’un silence à hurler
A la place où il y avait
Une ville qui battait
Comme un coeur prodigieux
Une fille dont les yeux
Étaient pleins du soleil de mai
Mon Dieu, mon Dieu
Faites que ce soit
Un mauvais rêve
Réveillez-moi
Réveillez-moi
Réveillez-moi
25 novembre 2011 at 11:08. Permalien.
joan replied:
Il y aurait aussi « Irradié » d’Higelin (le vrai : le père ; pas le fils, évidemment) et un autre de ses sommets : « L’amour sans savoir ce que c’est » :
« Y’a eu tremblement de terre, un champignon, la guerre, un éclair blanc
Et je n’sais plus pourquoi je me retrouve sur cette route
Les cheveux balayés par le vent… »
25 novembre 2011 at 11:50. Permalien.
Brigitte replied:
Et aussi « Il s’est passé quelque chose » de Juliette. Où la cause de la catastrophe n’est pas nommée.
25 novembre 2011 at 18:14. Permalien.
Classe Gérard replied:
Quel thème hélas prolifique !
Ajoutons-y « Les Centrales » par et de Castelhémis (1982)
25 novembre 2011 at 19:12. Permalien.
Jean louis Bergère replied:
Michel,
Oui c’est à se demander si l’irradiation globale et libérale n’a pas totalement contaminé et pour longtemps encore le sentiment du « vivre » de l’Homme … et puis bien entendu comment ne pas penser au dimanche tchernobylien d’Alain BASHUNG sur un de ses plus beaux albums (« L’Imprudence », le plus beau pour moi)
Le dimanche à Tchernobyl
J’empile torchons vinyles
Evangiles
Mes paupières sont lourdes
Mon corps s’engourdit
C’est pas le chlore
C’est pas la chlorophylle
Tu m’irradieras encore longtemps
Bien après la fin
Tu m’irradieras encore longtemps
Au-delà des portes closes
Le dimanche à Tchernobyl
J’harangue le soleil
J’harangue les sardines
Dans la rougeur des canaux
À la centrale y a carnaval
Java javel
Cerveau vaisselle
Chaque jour se rit de moi
Indolore
Tu m’irradieras encore longtemps
Bien après la fin
Tu m’irradieras encore longtemps
Le dimanche à Tchernobyl
J’empile torchons vinyles
Evangiles
Sortir en lamés
En ciré
Sortir du chapeau
Comme à l’accoutumée
Tu m’irradieras encore longtemps
Tu m’irradieras encore longtemps
25 novembre 2011 at 19:53. Permalien.
Claude Vlérick replied:
Pour moi, la chanson la plus réaliste sur le nucléaire ou aussi la catastrophe chimique, c’est MENACE de Jacques Bertin.
Evidemment le texte est très long. Tu pourrais le retrouver car tu l’as publié à ma demande sur ton site au moment de Fukushima. Ne cherche pas trop, tu peux le relire en cliquant sur :
http://tesvivant.blogspot.com/2011/03/menace-jacques-bertin.html#links
pour venir le lire chez moi.
Claude.
Réponse : C’est agréable de venir le lire chez toi, Claude. Amicalement. MK
26 novembre 2011 at 09:38. Permalien.
Le nucléaire se décline en chansons | La mauvaise herbe replied:
[…] A découvrir ici : Le nucléaire, c’est pas joli, Joly ! « Nos Enchanteurs…. […]
27 novembre 2011 at 10:33. Permalien.